Note relative à la situation de la famine au Niger.


L’arrêt prématuré des pluies et l’invasion acridienne ont eu pour conséquence une mauvaise saison agricole 2004 au Niger.

Le déficit alimentaire est estimé officiellement à environ 223 000 tonnes. 3755 villages sont déclarés déficitaires, ce qui correspond à environ 4 000 000 habitants.

Plus on s’éloigne de la saison des récoltes, plus la situation alimentaire se dégrade.

Aujourd’hui c’est carrément la famine qui s’est installée dans la plus part des régions du Niger. Selon plusieurs journaux hebdomadaires de la place, le drame que vivent les populations dans « l’arrière pays » n’a d’égal que la disettes des années 1972 et 1984.

Dans un reportage du « Sahel Dimanche » du 29 avril 2005, hebdomadaire gouvernemental, l’envoyée spéciale dans le département de Tanout (région de Zinder), on pouvait lire « Nous les (femmes et enfants) avons trouvés, à quelques kilomètres du village ,les tasses en mains ou sur la tête, à la recherche de gousses de boscia senegalensis et de feuilles de macrua crassifolia ». A la question « que faites vous là ? », la réponse est « Nous sommes venus ici cueillir des feuilles et des fruits sauvages pour nous nourrir. A la maison, nous n’avons rien à manger, c’est notre nourriture quotidienne ! »

Conséquence de cette situation de famine, les habitants vident leurs villages et région. Les femmes, les vieilles personnes et les enfants sont abandonnés à eux-mêmes.

Dans la région nord de Tillabéri, un reporter de l’hebdomadaire privé « Le Républicain » écrit que « les gens fouillent les fourmilières à la recherche des grains de céréales ». Le même journal révèle que dans la région de Maradi (Dakoro, Tessaoua, Mayayi) et de Zinder (Tanout) « la désolation affecte doublement les peuls : à la hausse des prix des céréales liée à la pénurie du mil sur le marché s’ajoute la mévente des animaux ». En effet 88 569 tonnes de fourrage sont nécessaires pour couvrir les besoins alimentaires du bétail…

Face à cette situation de famine généralisée, le pouvoir en place n’est pas resté les bras croisés. Les ministres en charge du développement agricole et du commerce, ont été entendus par les parlementaires. Ils ont présenté le plan d’urgence mis en place par l’Etat du Niger pour faire face à la crise alimentaire. Ce plan prévoit de renforcer la disponibilité et l’accessibilité des céréales de base dans les zones touchées par la famine. Il prendra plusieurs formes : constitution d’un stock céréalier pour la réalisation de vagues successives de vente de céréales à prix modérés , renforcement des stocks des banques céréalières , création de banques céréalières dans d’autres zones affectées , mise en place de plusieurs chantiers de haute intensité de mains d’œuvre à travers les programmes « Food for Work ».

La vente des céréales à prix modérés constitue l’option centrale du plan d’urgence gouvernemental. D’ici août 2005, 67 000 tonnes de céréales seront injectées sur les points de vente. A la date de l’audition des ministres par l’Assemblée Nationale, 22 124 tonnes ont été mobilisées.

La vente à prix modérés vise à assurer la régularité de l’approvisionnement en vivres des zones les plus vulnérables à des prix nettement plus bas que ceux du marché, de stopper la hausse des prix des denrées alimentaires. Le sac de 100 kg est ainsi vendu à 10 000 CFA soit environ 152 euros.

Du côté des partenaires bi et multilatéraux, la solidarité internationale se met en place pour aider le gouvernement à mettre en œuvre ce plan d’urgence.

L’ONG Médecins Sans Frontières, qui intervient depuis quelques années à Maradi et à Tahoua, a décidé de réorienter son programme afin d’accueillir dans des centres de récupération nutritionnels intensifs ou ambulatoires des enfants sévèrement malnutris.

Et pour compléter ce tableau sombre de la situation alimentaire, la menace acridienne plane cette année encore sur le Sahel, selon la FAO. En effet le 8 mai dernier, les villes de Diffa, Maïna Sorowa et le canton de Chétimari dans l’Est du pays, se sont réveillés sous un nuage de criquets pèlerins venus, semble –t-il, du Nigeria.


Il est donc loisible d’imaginer que les maires élus en juillet 2004 et qui, à peine, commencent à prendre les reines du pouvoir local, ont du pain sur la planche dans les communes nigériennes. En effet la mobilisation des ressources internes pourrait s’apparenter à un véritable parcours de combattant pour nombre d’entre eux. Comment imposer des citoyens qui ont de la peine à trouver un repas par jour ? Quelle participation attendre des populations qui ont d’autres priorités (de survie) ? l’Etat central, peut il transférer des ressources (qu’il n’a pas forcément) dans la situation actuelle de pénurie généralisée ?

Comment la coopération décentralisée pourrait aider les élus nigériens à résoudre cette équation ?

Niamey le 13 mai 2005
Par Yaou IBRAHIM

SG ANIYA

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